Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/235

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dressent à l’entrée d’Osaka, de chaque côté du fleuve. À l’aide des canaux qui entrecoupent toute la ville, en faisant démolir un certain nombre de ponts, il était arrivé à former un fossé, à isoler le quartier qui renfermait la forteresse. Le prince semblait infatigable. Avec un pareil chef qui songeait à tout et enflammait les soldats par ses paroles et son exemple, la ville pouvait se défendre et espérer encore. Mais tout à coup Nagato quitta Osaka.

Un soir un cavalier s’était arrêté à la porte de son palais. Nagato avait reconnu Farou-So-Chan, un des seigneurs attachés spécialement au service de la Kisaki. Ce n’était jamais sans un profond battement de cœur qu’Ivakoura voyait qui que ce fût venant du Baïri. Cette fois, son émotion fut plus violente encore, Farou-So-Chan était chargé d’une mission particulière et secrète.

— Voici une lettre que la Kisaki m’a chargé de remettre entre tes mains, dit-il avec une gravité triste qui frappa Nagato.

Il déploya la lettre avec un tremblement dans les doigts ; elle exhalait le parfum subtil qu’il aimait tant.

Elle était ainsi conçue :

« Le dixième jour de la cinquième lune, rends-toi dans la province d’Issé, au temple de Ten-Sio-Daï-Tsin, lorsque le soir sera