Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/45

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— N’importe ! la haine n’excuse pas l’injustice.

Lorsque l’heure de l’exécution fut arrivée, on vint relever les stores dans le palais de Fatkoura.

La jeune femme éperdue s’enfuit au fond de l’appartement ; elle alla cacher sa tête dans les plis d’une draperie de satin pour être aveugle et sourde, pour étouffer l’éclat de ses sanglots.

Mais tout à coup elle se releva et essuya ses yeux.

— Viens, Tika, s’écria-t-elle, ce n’est pas ainsi que doit se conduire l’épouse d’Ivakoura, je saurai enfermer ma douleur en moi-même, aide-moi à gagner cette fenêtre.

Lorsqu’elle parut appuyée sur Tika, un grand silence s’établit parmi les assistants, silence plein de respect et de compassion.

Le prince de Toza arriva en même temps, il leva les yeux vers elle, mais elle laissa tomber sur lui un regard si chargé de haine et de mépris qu’il baissa la tête.

Il vint s’asseoir sur le pliant, et fit signe d’amener le prisonnier.

Il s’avança bientôt nonchalamment avec un sourire dédaigneux sur les lèvres ; on l’avait délivré de ses chaînes, il louait avec son éventail.

Deux bourreaux marchaient derrière lui,