Page:Gautier - L’art moderne, Lévy, 1856.djvu/19

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et Japhet, sont descendues les races blanches et jaunes postdiluviennes. A partir de là, l’humanité, telle que nous la connaissons, et sous des formes qui n’ont pas varié depuis cinq mille ans, commence ses migrations et ses pèlerinages : de grands fleuves humains descendent des hauts plateaux de l’Inde et se ramifient par toute la terre ; et dès le troisième tableau, nous assistons à l’invention de l’astronomie, aux premiers commencements de l’Egypte.

Des pécheurs prennent dans le Nil, caractéristique du lieu de la scène, des béchirs et des fahakas ; plus loin, des pasteurs observent, dans leur repos contemplatif, les étoiles qui s’ouvrent comme des fleurs d’or dans l’azur assombri du soir ; à l’horizon se dessine la silhouette des temples en construction. L’âge patriarcal va faire place à l’âge théocratique. Déjà, dans les carrières de Syène, les multitudes asservies taillent le granit rose en sphinx, en obélisques, en stèles, en pylones [sic] ; déjà se sculptent les dieux à têtes de chien et d’épervier ; déjà se creusent et se peignent les hiéroglyphes ; le symbolisme effrayant et monstrueux de l’Egypte se traduit en édifices indestructibles qui offrent encore au monde leurs énigmes à deviner. Les nécropoles et les syringes étendent sous les temples leurs corridors et leurs chambres bariolés qu’habite un peuple de momies, tandis qu’en haut règne sur des vivants non moins morts que ceux des hypogées, un prêtre plus que roi et presque Dieu.

L’époque théocratique est arrivée à son plus haut développement. Dans la composition suivant, le mage Zoroastre, entouré de prêtres et de fidèles dans l’attitude du respect et de l’adoration, offre un sacrifice au Dieu dont il s’est fait le révélateur. Selon les traditions israélites,