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Page:Gautier - L’art moderne, Lévy, 1856.djvu/26

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II

Au fond du temple, au sommet précis de la croix grecque et en face de la porte d’entrée, l’œil rencontre un espace de trente-cinq pieds de marge et s’arrondissant en cintre.

Cet emplacement a été consacré par l’artiste au fait capital qui a changé la forme de la civilisation, c’est-à-dire la venue du Christ. Sans refuser au Nazaréen sa qualité divine, Chenavard ne l’a pas cependant présenté sous son côté surnaturel et fantastique, pour ainsi dire. Il a plutôt vu en lui le philosophe, le moraliste imbu des doctrines esséniennes, l’initié des mystères égyptiens, le dépositaire de l’antique sagesse de Moïse, et surtout l’ange de la bonne nouvelle, le verbe de l’esprit moderne ; de cette façon, il le grandit, loin de le rapetisser ; car, aux yeux de l’artiste, une idée vaut mieux qu’un miracle, l’intelligence illuminant l’œil est préférable à l’auréole entourant la tête.

Ce tableau s’appelle le Sermon sur la Montagne : dans un lieu solitaire, car c’est là que naissent les pensées, loin des villes, c'est-à-dire loin du vulgaire ennemi de toute