l’ancien, et désormais le globe, équilibré par l’apparition de cet énorme continent, n’offrira plus cette choquante disproportion d’eaux et de terres ; la symétrie cosmique est rétablie ; les vagues pressentiments de l’Atlantide et des îles Macarées s’accomplissent, comme tout ce que rêve le génie humain.
Deux panneaux ont à peine suffi à l’artiste pour dérouler la vaste composition qui se rattache à ce sujet : la disposition en est des plus originales : la caravelle capitane qui porte Christophe Colomb, vue par le travers, occupe le premier plan, composé de vagues marines ; le pilier architectural la sépare en deux perpendiculairement. Sur le haut château de poupe, bâti dans les formes singulières des constructions navales du moyen âge, se tient debout Christophe Colomb, entouré de ses Espagnols et de quelques captifs américains ; des matelots et des esclaves chargent le navire, rangé près de la terre, des masses d’or vierge, des idoles bizarres, des manteaux de plumes d’oiseaux, des perroquets aux couleurs éclatantes, tout ce que l’avidité européenne a pu arracher à ce monde devenu l’Eldorado des aventuriers.
La découverte de l’Amérique arrive au quatrième angle de la croix ; au tournant de la branche, nous sommes en pleine activité.
Voici l’atelier de Guttemberg [sic] ; à côté de lui travaillent ses associés, Jean Faust et Pierre Schœffer. La presse marche ; des savants corrigent des épreuves, et des acheteurs emportent des livres qui vont répandre l’instruction sur le monde. L’humanité est entrée dès ce moment en pleine possession d’elle-même ; sa pensée multipliée à l’infini, jetée aux quatre points cardinaux comme les feuilles