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INTRODUCTION

d’abord très-favorable à la science[1]. Cependant, au milieu de la bagarre, M. F. Wey achevait placidement son livre sur les Révolutions du langage en France[2], qui renfermait tout un essai sur la Chanson de Roland[3]. L’Allemagne, qui n’avait pas échappé à la tourmente, continuait plus tranquillement encore de travailler sur les sources, et Massmann éditait, en 1849, la Kaisercronik du xiie siècle[4], où l’on trouve toute une Histoire légendaire de notre Charlemagne. Enfin parut ce livre si critiqué, mais si vivant, de Génin[5]. C’était en 1850, et c’est de cette année que date en France la nouvelle, la vraie popularité de notre Chanson.

Il n’est pourtant pas sans défauts, ce livre qui fut si influent. La critique relève aujourd’hui de grosses erreurs dans cette Introduction, sur laquelle Génin a tant compté pour entraîner l’opinion. Le texte, meilleur sans doute que celui de Michel, n’a pas été contrôlé sur le manuscrit original. À côté d’une restitution heureuse, on peut y signaler bien des hypothèses sans fondement et dont l’édition de Th. Muller a facilement démontré la fausseté. La traduction est pire encore et l’on se demande avec stupéfaction quelle raison a pu déterminer M. Génin, un homme d’esprit, un homme de sens, à traduire un poëme du xie siècle dans la langue du xvie siècle. Mystère ! Les notes sont souvent inutiles et pédantes. Pas de Glossaire. Voilà bien des critiques, et

  1. Revue des Deux Mondes, 1er juillet 1847. (Article reproduit au t. I de l’Histoire de la langue française, p. 307 et ss.) Ce qu’il y a de plus original dans cette étude, c’est la traduction, par M. Littré, de tout le premier chant de l’Iliade en vers français des xii-xiiie siècles. ═ Cf. un essai de ce genre dans nos Épopées (I, 116).
  2. Histoire des révolutions du langage en France, par F. Wey. Paris, 1848, in-8o.
  3. Aux pp. 130-147.
  4. Quedlinburg, 1849, 3 vol. in-8o.
  5. La Chanson de Roland, poëme de Theroulde, texte critique accompagné d’une traduction et de notes, par F. Génin. Paris, Imprimerie nationale, 1850, 1 vol. in-8o. ═ La traduction parut à part dans la Revue de Paris ; puis, dans un volume spécial, sous ce titre : Roncevaux, poëme de Theroulde, composé vers le milieu du xiie siècle, traduction nouvelle de M. Génin. Paris, 1852, in-8o.