Et, selon la mode de son pays, lui fait son oraison :
« Ah ! gentilhomme, chevalier de noble lignée,
« Je vous remets aux mains du Glorieux qui est dans le ciel :
« Il n’y aura jamais homme qui le serve plus volontiers.
« Non, depuis le temps des Apôtres, on ne vit jamais tel prophète
« Pour maintenir chrétienté, pour convertir les hommes…
« Puisse votre âme être exempte de toute douleur,
« Et que du Paradis les portes lui soient ouvertes ! »
MORT DE ROLAND
Roland lui-même sent que la mort lui est proche ;
Sa cervelle s’en va par les oreilles…
Le voilà qui prie pour ses pairs d’abord, afin que Dieu les appelle,
Puis il se recommande à l’ange Gabriel.
Il prend l’olifant d’une main (pour n’en pas avoir de reproche),
Et de l’autre saisit Durendal, son épée.
Il s’avance plus loin qu’une portée d’arbalète,
Il s’avance sur la terre d’Espagne, entre en un champ de blé,
Monte sur un tertre… Sous deux beaux arbres
Il y a là quatre perrons de marbre.
Roland tombe à l’envers sur l’herbe verte,
Et se pâme ; car la mort lui est proche.
Les puys sont hauts, hauts sont les arbres.
Il y a là quatre perrons, tout luisants de marbre.