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INTRODUCTION

Et tout nous porte à croire que le dialecte normand[1] de notre texte d’Oxford est le dialecte avranchin[2].

    fin de la Chanson. ═ Chars, 1,119, 1,265, 1,613 ; carn, car, carnel, carner, 2,005, 2,141, 2,153, 2,949, 2,954 ; char, 3,436 ; carn, 3,606. ═ Castel, 4, 23, 704 ; chastels, 2,611 ; castel, 3,783. ═ Cascun, 51 ; chascun, 203, 390, 1,013 ; cascun, 2,502, 2,559, 3,631. ═ Halbercs, 683, 711 ; osbercs, 994, 2,499. ═ Ost, 18, 49, 211, 700 ; host, 739, 785, 883 ; ost, 1,052, 1,630, 2,110, 2,149 ; host, 2,760 ; ost, 3,137. ═ Ostage, 40, 57, 87 ; hostages, 147, 572, 646, 3,852. ═ U (ubi), 108, 1,326, 1,363, 2,402, 2,403, 2,409 ; o, 2,667 ; u, 2,691 ; o, 2,854 ; u, 2,912 ; o, 3,105, 3,616, 3,709. ═ U (aut), 41, 1,279, 1,626, 1730 ; o, 2,401 ; u et o dans le même vers, 2,733 ; o, 3,170 ; u, 3,304. ═ Unches, 629, 640, 920, 1,044 ; unkes, 1,168, 1,208 ; unches, 1461, 1,563, 1,638, 1,647 ; unkes, 1,857, 1,865, 2,049, 2,134, 2,223, 2,384, 2,495 ; unches, 2,501 ; unkes, 2,639 ; unches, 3,212, 3,321 ; unkes, 3,267, 3,322, 3,531, 3,537, 3,838. ═ On voit, par ce tableau, que ces différentes formes s’entremêlent (notamment les c et les ch) d’une façon tellement variable, qu’il est impossible de s’écrier : « Tel scribe a fini là sa besogne ; tel autre a commencé la sienne en cet endroit. » Nous attirons tout particulièrement l’attention du lecteur sur le mot unkes, dont on se serait particulièrement servi pour appuyer la théorie des deux scribes : nul n’a peut-être été employé sous des formes plus entrelacées. La seule difficulté réelle nous est offerte par le mot Bramimunde. Tel est le nom de la femme du roi Marsile, ou, pour mieux parler, elle s’appelle ainsi aux vers 634, 2,476, 2,714, 2,734, etc., et Bramidonie, aux v. 2,822, 3,636, 3,680, 3,990. Comment expliquer cette double forme ? À défaut d’une autre explication, je proposerai la suivante… Les Chansons de geste étaient parfois dictées aux scribes, et peut-être dictées de mémoire. Il en aurait été ainsi pour le Roland. Comme Bramimunde est d’ailleurs un nom fantaisiste et sans aucune réalité historique, « celui qui dictait » a pu facilement se rendre ici coupable d’une confusion ou d’un oubli. Les Remaniements nous offrent ce même nom sous d’autres formes encore. Ajoutons que Bramimunde a été employé jusqu’au vers 2,734 et que Bramidonie l’est déjà, dans le même épisode, au vers 2,822. Ce serait donc entre les vers 2,734 et 2,822 qu’il y aurait eu un changement de scribe. Eh bien ! ce changement n’est reconnaissable à aucun autre caractère. Il est aisé de voir quelle conclusion on peut tirer de tous ces faits…

  1. Notre intention était d’abord d’écrire ici une « Grammaire du Roland », comme nous avons écrit plus haut « un Traité de versification ». Mais les différents chapitres de cette Grammaire seront mieux placés dans nos Notes et variantes. V. la Phonétique à la note du v. 1 ; la théorie des Substantifs (règles de la déclinaison romane), vers 1 et 20, 15 et 9 ; — les Adjectifs, vers 1, 19 ; — les Pronoms, vers 13 ; — les Verbes, vers 42 et 103 ; — les Adverbes, vers 49 et 95, etc.
  2. Nous n’avons, par malheur, aucun texte de ce dialecte qui appartienne aux xie et xiie siècles. Il nous manque ce très-précieux élément de comparaison.