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NOTES ET VARIANTES, VERS 1

quent trop bien par l’ignorance mille fois constatée du scribe de notre manuscrit : Dulors (v. 1437) ; puinneres (3033) ; amurs (3107) ; leons (2549) et campiuns (2244), sans parler ici de bers, qui peut se justifier, et de fels. Malgré ces exceptions, nous avons dû partout observer la règle. — 5° D’ailleurs, la forme emperere apparaît beaucoup plus fréquemment dans le texte original que la forme empereres ; la proportion est la suivante : 25 fois empereres ; 41 fois emperere.

Emperere est le cas sujet ; empereür le cas régime. Ces Substantifs sont de ceux que l’on appelle en Allemagne : Noms qui déplacent l’accent, et en France, mal à propos : Noms à déclinaison imparisyllabique. On en peut ainsi formuler la théorie : 1° Un certain nombre de noms français revêtent au singulier deux formes distinctes, l’une pour le sujet (emperere, sire, etc.), et l’autre pour le régime (empereür, seignur, etc.). — 2° Ces deux formes s’expliquent aisément par le déplacement de l’accent tonique, qui, dans imperator, senior, etc., n’est pas à la même place que dans imperatorem, seniorem, etc. — 3° M. Bartsch (dans la Grammaire qui suit sa Chrestomathie de l’ancien français, p. 480) divise en trois familles tous les Noms à double déclinaison : a. Ceux qui dérivent des noms latins en or, oris... b. Ceux qui viennent des vocables en o, onis. Et enfin, c : les « mots isolés », tels que niés, nevuld ; enfes, enfant, etc. — 4° Quelques substantifs de la deuxième déclinaison (tels, par exemple, que Carles, Marsilies, etc.), ont été, par analogie ou par extension, soumis aux règles de la « Déclinaison qui déplace l’accent ». (Carles, Carlun ; Marsilies, Marsiliun), etc.

Magne. O. Nous avons restitué magnes, à raison des règles de la Déclinaison romane. Voici ces règles : Première déclinaison romane (correspondant à la première déclinaison latine). Les Substantifs de cette famille ne prennent pas l’s au singulier, et la reçoivent toujours au pluriel. Pas de distinction entre le cas sujet et le cas régime. ═ Seconde déclinaison romane (correspondant à la seconde et à la quatrième déclinaisons latines). Les Noms et Adjectifs masculins de cette déclinaison reçoivent une s au cas sujet du singulier et au cas régime du pluriel (paiens, magnes, etc.) ; ils n’en prennent pas au cas sujet du pluriel ni au cas régime du singulier (paien, magne). ═ Troisième déclinaison romane (correspondant à la troisième déclinaison latine). 1° Les Substantifs masculins ou féminins, qui ont une s au nominatif singulier de la déclinaison latine, ont donné naissance à des Noms français qui suivent en général la règle de la deuxième déclinaison. — 2° Les Substantifs masculins ou féminins qui n’ont pas d’s au nominatif singulier de la déclinaison latine, ont donné naissance à des Noms français qui ne prennent pas en général l’s finale au