I. — Épisodes de l’histoire poétique de Charlemagne qui ne se trouvent pas dans les chansons des autres gestes. — Dans Garin de Montglane, le héros du poëme est mis, dès la fin de ses enfances, en relation avec le grand empereur. Un ange apparaît au père de Garin et lui enjoint d’envoyer son fils à la cour de Charles. Le jeune homme part, armé de la terrible épée Florence. Il trouve le fils de Pépin en lutte avec les fils de la Serve, de la fausse Berte. L’impératrice, femme de Charles, se prend tout aussitôt d’un violent amour pour Garin, qui repousse noblement les avances de cette adultère et lui laisse, comme Joseph, son manteau entre les mains. L’Empereur, qui le croit coupable, entre dans une grande fureur et semble se radoucir un moment pour jouer gravement aux échecs avec celui que la reine a indignement accusé. Mais l’enjeu est formidable : si Garin perd, il aura la tête coupée ; s’il gagne, il sera roi de France. Notre héros, vainqueur, se contente de demander à Charles les fiefs de Montglane et de Montirant, qui sont encore aux mains des Albigeois. Puis il se met en route et marche d’aventure en aventure. Le Roman se termine par le mariage de Garin avec la belle Mabile. (Garin de Montglane est un roman de la décadence qui ne repose sur aucune tradition légendaire.)
Dans Aimeri de Narbonne, Charles revient d’Espagne après Roncevaux. Tout à coup il aperçoit une belle ville dont la situation et la richesse le tentent. C’est Narbonne ; elle est au pouvoir des Sarrasins. « Qui veut prendre Narbonne ? » s’écrie alors le grand empereur. Et il ajoute : « Celui qui s’en rendra maître en sera le gouverneur. » Tous les barons refusent, l’un après l’autre, un honneur si périlleux. « Eh bien ! c’est moi, c’est moi qui le prendrai, » dit Charles. C’est alors qu’Hernault de Beaulande réclame cette gloire pour son jeune fils Aimeri, qui est à peine chevalier. Aimeri prend la ville et en reçoit l’investiture des mains de l’Empereur ravi. Cette Chanson est une de nos meilleures et de nos plus anciennes.
Dans les Enfances Guillaume, on voit le roi de France demander à Aimeri ses quatre fils pour les adouber chevaliers : « Je veux que vous me les ameniez vous-même, » dit Charles. Mais, pendant qu’Aimeri les conduit à l’Empereur, les Sarrasins sont traîtreusement avertis de son absence et en profitent pour assiéger Narbonne. Le duc de Narbonne est lui-même attaqué par sept mille autres païens non loin de Montpellier. C’est dans ce combat que se révèle pour la première fois le courage de Guillaume : il se jette sur les Sarrasins, et délivre son père. Couvert de cette première gloire, il peut se présenter avec quelque fierté devant le grand empereur. Il triomphe, sous les yeux de Charles, d’un champion de Bretagne qui avait déjà abattu quinze chevaliers. Voilà le Roi