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NOTES ET VARIANTES

enchanté de notre jeune héros : il veut sur-le-champ l’adouber. Mais on ne trouve pas d’armes assez fortes pour le nouveau chevalier. Après de longues recherches, on finit par rencontrer une armure qui a été jadis conquise par Alexandre ; la targe n’est rien moins que le présent d’une fée, etc. etc. Guillaume est revêtu de ces merveilleux garnimenz. Mais à peine est-il adoubé qu’un messager arrive : « Narbonne va tomber au pouvoir des Sarrasins. » Guillaume part, traverse la France, arrive à Narbonne, et fait lever le siége.

Dans le Siége de Narbonne, on voit les héros du poëme, Roumans et le fils d’Aimeri, Guibelin, aller en ambassade auprès de Charlemagne. Ils lui demandent du secours contre les Sarrasins qui cernent Narbonne. L’Empereur voudrait y aller ; mais il apprend que les Saisnes se sont de nouveau révoltés, et se contente d’envoyer aux Narbonnais une grande armée de Hérupois.

Dès le début de Doon de Mayence, le héros de la Chanson fait preuve d’une brutalité peu commune. Il se refuse net à saluer l’Empereur. Charles s’irrite ; mais Doon ne se soucie guère d’une telle colère et ne s’en montre que plus insolent encore. « Voulez-vous le comté de Nevers ? » dit le pauvre roi tout tremblant à ce fou furieux. « Non. — Voulez-vous la cité de Laon ? — Non. » Doon demande la cite de Vauclère, qui est au pouvoir des Sarrasins, avec la main de Flandrine, la fille de l’Aubigant. « Si tu me refuses, dit-il à Charlemagne, je vais immédiatement te couper la tête. » Charles s’indigne enfin, et il eût dû s’indigner plus tôt. Un grand duel est décidé entre Doon et l’Empereur ; il commence ; il est terrible. Mais un ange intervient, qui met fin au combat et ordonne à Charles d’aider Doon à conquérir Vauclère. Doon ne tarde pas à épouser Flandrine et engendre Gaufrey, qui fut père d’Ogier. Mais il ne reste pas longtemps en repos. Voilà qu’une grande guerre commence entre Danemon, roi des Danois. Les trois chefs des trois grandes gestes, Doon, Garin et Charles, y prennent part ; tous trois sont faits prisonniers. Par bonheur ils ont un puissant allié ; c’est un géant, une sorte de Varocher énorme, un vilain du nom de Robastre, qui ressemble étrangement à Renoart-au-Tinel, et qui rend d’inappréciables services à Garin, à Doon et à l’Empereur avec sa formidable cognée qui vaut bien des épées. L’impératrice Galienne envoie cent mille hommes au secours de Charles, qui revient à Paris. Quant à Doon, il a successivement douze enfants de Flandrine et les envoie tous à la cour de l’Empereur.

La Chanson de Gaufrey est consacrée à l’histoire des douze fils de Doon de Mayence, et surtout aux aventures de l’aîné. Il faut seulement noter qu’un des frères de Gaufrey, du nom de Grifon, engendre Ganelon, celui qui trahira la France à Roncevaux.