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NOTES ET VARIANTES, VERS 194

citée par F. Michel, et qui est sans doute la « Chronique saintongeaise », dont M. G. Paris a souvent tiré parti, donne une version qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. C’est à « Rolant de Loubara », comte ou duc de Bretagne, que Pépin, avant de mourir, confie son fils Magniez ; c’est à lui qu’il recommande de le faire couronner, etc. ═ On ne rencontre ailleurs rien de particulier sur l’enfance de Roland, et nous avons épuisé tout ce que nous avions à en dire.

II. Vie et exploits de Roland jusqu’à la trahison de Ganelon. Le père de Roland était mort durant l’expédition de Charles dans la Petite-Bretagne. (Acquin, poëme de la fin du xiie s., B. N. 2233, f° 18, r° et v°.) Roland fut tout naturellement un de ceux qui accompagnèrent le grand Empereur dans son ridicule voyage à Constantinople. Tout au moins s’y conduisit-il plus noblement que son ami Olivier. Lorsque les douze Pairs se livrent à leurs vantardises, son gab est le moins odieux : « Je soufflerai sur la ville et produirai une tempête. » (Voyage de Charlemagne, poëme du xiie s., vers 472-485.) ═ Dans Jean de Lanson, Roland prend part à cette singulière ambassade en Calabre, qui est égayée par les enchantements et les plaisanteries de Basin de Gênes. Son épée, sa Durendal, est, comme celles de tous les Pairs, volée par le traître Alori. (Bibl. de l’Arsenal, 186, f° 121.) Pour se venger, Roland consent à une assez misérable comédie : il contrefait le mort, on l’enferme dans une bière, et il pénètre ainsi dans le château de Lanson, dont les Français parviennent à s’emparer. (B. N. 2495, f° 4-5.) Les aventures de Roland, dans le reste de ce pauvre poëme, se confondent avec celles des douze Pairs. ═ Dans Otinel, son rôle est plus beau. Il lutte avec le géant païen. (Otinel, poëme du xiiie s., v. 211-659.) Une colombe sépare les deux combattants, et, désarmé par ce miracle, Otinel se convertit. ═ Dans le Karl Meinet (xive s.), « Ospinel » meurt, terrassé et converti par Olivier ; mais sa fiancée Magdalie, qui est la propre fille du roi Marsile, se prend ensuite à aimer Roland, qui lui rend trop aisément son amour. Olivier sépare les deux amoureux, et rappelle Roland au souvenir de sa sœur Aude. (Ad. Keller, et G. Paris, Histoire poétique de Charlemagne, 489-491.) ═ Dans la Chronique de Jacques d’Acqui, Roland a pour sœur Bélissende, et il la donne en mariage à « Ottonnel », qu’il a vaincu et converti. Mais, dans je ne sais quel combat, le neveu de Charlemagne, ne reconnaissant pas Ottonnel, le frappe d’un coup mortel. (G. Paris, l. L, 505-506.) ═ C’est dans l’Entrée en Espagne (xiiie-xive siècle) que la place de Roland devient tout à fait la première : Roland suit son oncle dans cette expédition, qui doit pour lui se terminer à Roncevaux. C’est lui qui, après les onze autres Pairs, lutte contre le géant Ferragus. (Ms. français de Venise, xxi, f° 17-32.) Ce combat est plus long que tous les autres, et les ad-