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NOTES ET VARIANTES, VERS 278-292

Turpin » n’y met pas tant de délicatesses. (Cap. xxi : De Proditione Ganelonis.) Ganelon ne cède pas ici à un mouvement de colère, à une passion violente, mais seulement à la cupidité, à la soif de l’or. Nous avons déjà vu comment les Remaniements de la Chanson de Roland (textes de Paris et Venise, VII et IV) ont consacré plus de place à Ganelon que la Chanson primitive. Il s’enfuit deux fois avant son procès, et n’est remis entre les mains de Charles que grâce à la vigueur et au courage d’Othes. (Texte de Paris, édit. F. Michel, vers 10622-11560.) ═ Enfin, nous croirons avoir tout dit sur la personne de Ganelon, quand nous aurons indiqué une variante assez importante qui nous est fournie au sujet de son châtiment par un poëme du xiiie siècle, Gaydon. Suivant l’auteur de cette Chanson peu traditionnelle, Ganelon aurait été brûlé, et non pas écartelé. Mais l’écartèlement est beaucoup plus fondé dans la légende : il nous apparaît partout comme le châtiment spécial réservé aux traîtres. ═ Nous n’avons pas à discuter ici l’assimilation que M. Génin a prétendu établir entre notre Ganelon et un personnage historique, Wenilo, archevêque de Sens, lequel, en 859, trahit pour Louis le Germanique la cause de Charles le Chauve, qui l’avait comblé de bienfaits. Cette assimilation ne nous parait pas un instant soutenable, non plus que l’idée défendue par Hertz et d’Avril, d’après laquelle Ganelon serait le Hagen des Nibelungen. Nous pensons que Ganelon est, dans notre poëme, un personnage idéal, le « type du Traître ». En général, il ne faut pas chercher à expliquer historiquement chaque détail de nos Chansons de geste. Elles ont été souvent inspirées soit par des légendes qu’on retrouve partout, comme celle de Berte aux grans piés ; soit par des types généraux, comme celui du Traître. Nous ne nions pas l’influence des faits historiques : nous la restreignons.

Vers 278. — Lisez kar, et, au v. 279, laissez. ═ Franceis. Au v. 274. franc chevaler doit plutôt se traduire par : « Francs chevaliers. »

Vers 282. Palie. V. la note du vers 2652.

Vers 283. Vairs out e mult fier lu visage. O. Mi. et G. avaient suppléé : Vairs out les iex. Mais M. Müller, trouvant partout dans notre texte la forme oilz, a eu raison d’écrire : Vairs ont les oilz. ═ Lu visage. O. V. la note du v. 142.

Vers 285. — Lire esguardent, O.

Vers 287. Parastres. O. Quelques vers plus haut (277), on lisait, au sujet singulier, parastre, qui est la forme correcte.

Vers 290. Muvera. O. Muvra[i]. Mu. V. la note du v. 38.

Vers 292.Orgoill. O. Nous avions à choisir entre les deux formes orgoill et orguill. Elles se trouvent l’une et l’autre dans le texte de la Bodléienne : (Orgoill, 389, 934, 1773, 1941, 2279. Orguill, 228, 578,