Page:Gautier - La Comédie de la mort.djvu/107

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Les phoques monstrueux, traînant leurs ventres lourds
Viennent jusqu’à la table, et leurs larges mâchoires
S’ouvrent avec des cris et des grognements sourds.

Sur les autels déserts des basiliques noires,
Les saints désespérés, et reniant leur Dieu,
S’arrachent à pleins poings, l’or chevelu des gloires.

Le soleil désolé, penchant son œil de feu,
Pleure sur l’univers une larme sanglante ;
L’ange dit à la terre un éternel adieu.

Rien ne sera sauvé, ni l’homme, ni la plante ;
L’eau recouvrira tout : la montagne et la tour ;
Car la vengeance vient, quoique boiteuse et lente.

Les plumes s’useront aux ailes du vautour,
Sans qu’il trouve une place où rebâtir son aire,
Et du monde vingt fois il refera le tour.