Page:Gautier - La Comédie de la mort.djvu/73

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Que n’ai-je, comme Faust, dans ma cellule sombre,
Contemplé sur le mur la tremblante penombre
Du microcosme d’or !
Que n’ai-je, feuilletant cabales et grimoires,
Auprès de mon fourneau, passé les heures noires
À chercher le trésor !

J’avais la tête forte, et j’aurais lu ton livre
Et bu ton vin amer, Science, sans être ivre
Comme un jeune écolier.
J’aurais contraint Isis à relever son voile ;
Et du plus haut des cieux fait descendre l’étoile
Dans mon noir atelier.

N’écoutez pas l’amour car c’est un mauvais maître ;
Aimer, c’est ignorer, et vivre c’est connaître.
Apprenez, apprenez ;
Jetez et rejetez à toute heure la sonde,
Et plongez plus avant sous cette mer profonde
Que n’ont fait vos aînés.