Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bonne mine les frappait. Il était fort bien, en effet, dans son élégant costume apporté de Paris et d’une coupe parfaite. L’habit de taffetas changeant se fronçait légèrement aux pans pour former paniers ; les parements et les revers disparaissaient sous une soutache bleue et argent ; le gilet, de satin bleu clair comme la culotte, était finement brodé de petites roses et de myosotis ; le bas de soie moulait la jambe fine, et les souliers à hauts talons exagéraient la petitesse du pied.

— M. le marquis de Bussy : ma sœur, Louise de Kerjean.

Une jeune fille, mince et gracieuse, ressemblant assez à Kerjean, fit une révérence.

— Mlle d’Auteuil, Mlle de Bury et ma cousine, que je garde pour la fin, Mlle Chonchon.

Mlle Chonchon baissa les yeux, ouvrit et ferma son éventail. Grasse, un peu trop, ce qui était délicieux à son âge, elle avait à peu près dix-sept ans, ses grands yeux noirs agitaient des cils superbes, et elle gardait quelque chose de l’indolence orientale dans sa toilette parisienne, en satin rose pâle broché de blanc, avec son corsage long et baleiné à échelle de rubans.

Des orchestres, sur des estrades enguirlandées de fleurs, se faisaient entendre. On jouait une gavotte.

— Avez-vous une danseuse ? demanda Kerjean à Bussy.

— Si mademoiselle Chonchon daigne consentir ? dit Bussy en s’inclinant.

Chonchon mit le bout de ses doigts dans la main du jeune homme.