Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/124

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attristé, et la reine demande que tu désignes le prix ou la récompense que tu exiges. « Qu’il fixe lui-même, a-t-elle dit, la rançon de mon repos. »

— Oh ! quel rêve ! murmura Bussy dont le cœur battait à grands coups.

— Décide donc, dit Arslan, et rends la paix à cette âme troublée.

Bussy méditait profondément.

— Tout d’abord, dit-il après un long silence, un mot d’elle, un sourire, une fleur cueillie par ses doigts m’eussent fait son débiteur. Mais aujourd’hui, après ce que j’ai enduré, je serai plus exigeant.

— J’attends ! dit le musulman.

— Eh bien, je veux d’elle : un baiser ! rien de plus : mais cela je l’exige, et je n’accepterai aucune autre rançon.

— Un baiser ! s’écria Arslan en contenant mal son indignation.

— J’ai dit !

— Je ne suis qu’un instrument d’obéissance, je porterai ta réponse.

— Je me nomme Charles de Bussy, tu me retrouveras aisément.

— Le Seigneur soit avec toi, dit Arslan en posant sa main sur son cœur, puis sur son front.

— Que Dieu t’ait en sa sainte garde, répondit le marquis en s’inclinant.

Le guerrier s’éloigna rapidement et disparut.

Ayant hâte d’être seul et de rentrer chez lui, Bussy se dirigea vers la sortie ; mais, au moment où il allait franchir le portail d’honneur, un officier l’arrêta.