Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/130

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pouvez vous retirer. Je garde seulement les officiers ; le temps presse, et nous avons beaucoup à faire.

Les membres du conseil s’éloignèrent.

On éteignit les lampes, car il faisait grand jour, et le silence s’était fait dans le palais.

— Êtes-vous prêt, Friel ? demanda Dupleix.

— Votre signature et votre sceau.

— J’expédie l’ordre à d’Espréménil, le nouveau gouverneur de Madras, de ne rien risquer, de se borner à une défense passive, dit Dupleix en signant les dépêches ; je lui recommande de n’agir que s’il y est absolument forcé, tout en poussant ses armements avec énergie. Pendant ce temps, j’amuse encore le nabab par des négociations qui nous feront gagner quelques jours. Voici maintenant ce que je compte faire, messieurs, et ce que j’attends de vous. Comme il est impossible de compromettre la sûreté de la ville et de dégarnir Pondichéry, je vais remuer ciel et terre pour organiser et équiper deux cents Européens et sept cents cipayes, dont je confierai le commandement à Paradis. De Bussy restera ici avec ses volontaires, prêt à marcher, s’il y avait nécessité absolue. Dès que mes hommes seront sous les armes, Paradis partira, et si le mouvement que je médite réussit, j’ai bon espoir du succès. Mais il faudra faire des prodiges, mon vieil ingénieur, et je n’ai pas un canon à vous donner.

— Nous aurons nos fusils et nos baïonnettes, dit Paradis en secouant sa bonne tête énergique.

— Entre les mains d’un brave comme vous, cela peut suffire, et la discipline européenne, si je ne me