Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/169

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dit ; c’est plaisir de se battre contre eux, et il y a de l’honneur à les vaincre. Vois-tu, mon fils, continue-t-il en s’adressant au canonnier, quand une pièce anglaise allonge le cou, oppose-lui-en trois pour lui rabattre le caquet.

— Monsieur l’ingénieur en chef, crie une estafette qui passe à cheval, le commandant Law ordonne d’aller bouleverser les travaux de l’ennemi, et vous prie de diriger la sortie, avec le capitaine de Bussy, que je cours prévenir.

— Entendu !

Bussy est au poste le plus avancé, de l’autre côté de la rivière, près d’une batterie, qui prend l’ennemi en enfilade. On ne se voit pas, on ne s’entend pas dans la fumée et le vacarme, l’estafette est obligée de mettre sa bouche contre l’oreille du marquis et de lui hurler l’ordre du commandant.

Peu après, les volontaires, précédés de leur capitaine, sortent du nuage, en même temps que les dragons, conduits par Paradis, s’élancent et traversent la rivière.

Les Anglais font bonne contenance d’abord ; mais l’impétuosité et la vigueur de l’attaque les font plier, et bientôt ils abandonnent les retranchements, pris d’assaut, et aussitôt bouleversés de fond en comble.

— Allons ! je n’ai pas de chance, s’écrie Paradis en riant ; encore des gens qui se sauvent !

En effet, cette contagion terrible qu’on appelle panique s’est emparée des assiégeants qui, malgré les efforts des officiers, s’enfuient en désordre.

Les troupes reviennent aux retranchements, pleines d’enthousiasme, ramenant beaucoup de prisonniers.