Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/174

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— Vous voyez bien, enfants, que cela ne fait pas de mal.

Puis il continue sa route, suivi d’acclamations. Il arrive bientôt au bastion Saint-Joseph, du côté opposé à la mer. Là il s’arrête, et s’approche d’une embrasure ; pour interroger plus longuement les préparatifs de l’ennemi.

— Décidément, messieurs, dit-il après un instant, en se retournant vers les officiers, ce n’est pas une feinte, les Anglais prononcent l’attaque du côté du marais et des terrains inondés, qui nous sont une si bonne défense à cet endroit ; ils ont l’idée, sans doute, que cette boue les protégera contre nos sorties et semblent oublier qu’elle est aussi infranchissable pour eux que pour nous, et qu’ils s’y embourberont. Ils mènent activement les travaux, mais ne leur laissons pas donner avec tant de facilité leurs coups de pioche ; ayez la bonté de transmettre l’ordre aux dragons, avec d’Auteuil et Paradis, aux grenadiers de La Touche, et à Bussy avec ses volontaires, de sortir et de leur courir sus en contournant le marécage.

Et il reste là, tandis qu’on prépare et qu’on exécute le mouvement, dont il veut suivre, des yeux, la fortune.

Il voit bientôt la colonne se déployer hors des murs, puis se partager en deux divisions, qui circulent entre les tranchées. Elle prennent chacune leur route vers l’ennemi, se dissimulant dans les plis de terrains, derrière des bois. Pendant de longs moments elles disparaissent aux yeux de Dupleix, puis il les revoit, et de nouveau les perd de vue.