Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/217

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D’un côté séchaient des sacs de safran, des fleurs et des racines ; on cousait des sachets de musc, on exprimait le jus du santal, on broyait les fards, on composait des essences. Des salles, jusqu’au plafond, étaient emplies de pétales de roses, car il fallait la moisson de tout un champ pour obtenir un étroit flacon de l’huile exquise, extraite des roses : l’attargul.

Le côté des joailliers était éblouissant à voir.

D’habiles artistes battaient et ciselaient l’or, à côté des fourneaux incandescents ; d’autres taillaient l’ambre, le corail, l’hyacinthe, la pierre de lune et la pierre de soleil, assortissaient des perles, les perçaient pour en former des colliers, préparaient les pendeloques de ceinture ; avec des grenats verts de Sibérie, des saphirs d’eau, des topazes, des opales de feu. Dans des kiosques séparés, les sertisseurs, ayant devant eux des coupes de cristal, pleines des pierreries les plus rares, attentifs, l’œil fixe, enchâssaient dans l’or, diamants, émeraudes, rubis et saphirs, en ornaient des bagues, des aigrettes, des moukoutys, des anneaux pour les chevilles, des couronnes, des sabres, des boucliers ; tandis que les graveurs, du bout de leur burin d’or, traçaient sur de larges turquoises, des vers, des prières, ou des formules talismaniques.

Bussy s’avançait, comme dans un rêve, à travers toutes ces richesses ; le temple lui apparaissait digne de la déesse. Mais dans le prestige de ce luxe et de cette puissance, elle lui semblait se reculer de lui, devenir de plus en plus chimérique et insaisissable.

La septième cour était aussi brillante que celle des