Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/228

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Elle était adossée maintenant à un des panneaux d’ivoire qui s’écarta derrière elle ; sans répondre, avec un geste douloureux, elle s’enfonça dans l’ombre et disparut.

La porte se referma silencieusement.

Bussy se retourna vivement, se croyant prisonnier ; mais il vit que les sept autres panneaux étaient ouverts, et que sur chaque seuil se tenait un guerrier noir, appuyé sur un glaive nu.

— Ah ! c’est cela ! s’écria-t-il, tant mieux ! un combat ne me fait pas peur, je pensais qu’on voulait me murer dans ce tombeau.

Rapidement il arracha une draperie, au dais qui surmontait les coussins, l’enroula autour de son bras gauche, s’adossa au socle d’or des lumières, et tira son épée.

Alors, tranquillement, il examina ces hommes.

C’étaient des soldats hindous, vêtus de tuniques blanches, sans manches, et coiffés de turbans rouges, ayant des visages imberbes, luisants, avec des yeux en boule, aux lueurs de perles ; leurs jambes étaient grêles et leurs bras minces.

Ils s’avancèrent tous ensemble et levèrent leurs glaives ; mais le marquis riait de leur gaucherie. D’un moulinet éblouissant, il en désarma plusieurs ; quelques-uns, effleurés par l’épée, reculèrent. Il avait mis le pied sur la lame d’un des sabres tombés, et parvint, d’un geste net et vif, à le ramasser de la main gauche ; ainsi armé, il sembla invincible et se mit à combattre avec une violence terrible. Frappant des deux bras, dans tous les sens ; donnant des coups de pieds, des