Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/23

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s’abaisse et les Français font leur entrée à Madras. On relève les postes, bientôt le drapeau blanc est hissé sur le fort Saint-Georges et prend partout la place des pavillons anglais.

La garnison et tous les résidents britanniques sont déclarés prisonniers de guerre. On s’engage à livrer aux Français toutes les marchandises emmagasinées, les livres de compte, les arsenaux, les vaisseaux, les munitions de guerre, les vivres et toutes les propriétés appartenant à la Compagnie ; de plus, toutes les matières d’or ou d’argent, les denrées et toutes autres valeurs enfermées dans la ville et le fort. À cette condition, par courtoisie et générosité pure, le commandant français exempte la ville du pillage.

Les canons se sont tus, les bombes ont cessé de tomber dans les rues et sur les places, tout à l’heure désertes et à présent pleines d’une foule animée qui commente et discute les événements.

Cette complète victoire a été peu meurtrière : elle a coûté un seul homme à la France, et les assiégés, qui ont un assez grand nombre de blessés, n’ont perdu que cinq des leurs. Aussi, tandis que la population noire se réjouit d’être hors de danger, les Anglais murmurent-ils beaucoup, et quelques-uns disent tout haut « que le gouverneur Morse et les membres du conseil seront pendus pour avoir négligé les travaux de défense et rendu la place avec une précipitation honteuse. »

D’heure en heure, des bruits et des nouvelles passent comme une houle sur les vaincus. La Bourdonnais est en conférence secrète avec le gouverneur. On