Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/257

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bardé de fer et tout hérissé de clous. Les malheureux ainsi repoussés tombèrent à genoux, en jetant leurs armes ; on les fit prisonniers ; mais le coup était manqué.

Un feu terrible fut dirigé sur les Français, du haut des créneaux ; on les canonnait à bout portant, sans qu’il leur fût possible de riposter. Beaucoup tombaient. Il y avait des murmures.

— Rester ici est un suicide, dit Kerjean en s’approchant de Bussy.

— Aussi n’y resterons-nous pas, répondit le jeune chef ; un pétard, vite, pour faire sauter cette porte !

Quelques soldats s’avancèrent vers la porte, puis reculèrent, devant une volée de mitraille.

Bussy leur arracha des mains le léger canon, courut au portail et, un genou en terre, sans hâte, avec la plus grande attention, disposa le pétard à bonne distance du battant massif, mit le feu à la mèche, et se recula.

Après l’explosion, le battant était fendu en deux endroits ; on l’abattit à coups de hache, et les Français, refoulant ceux qui la défendaient, pénétrèrent sous la voûte, avec des cris de triomphe.

Dans la ville, Bussy fit barricader les rues étroites, avec des chariots et tout ce qui tomba sous la main, placer les quatre pièces de campagne, qu’on avait montées jusque-là, à l’entrée des plus larges rues. On tirait sur eux des fenêtres ; mais ce n’était rien encore : les forteresses des trois montagnes, concentrant leurs feux sur le coin de la ville dont les Français étaient maîtres, commencèrent à tonner.

Par bonheur la nuit était venue, le tir manquait de