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XXIX

RAHOU

C’est un grand tapage, un bruit métallique, retentissant, de boucliers heurtés violemment par le pommeau des sabres, de grands tambours, rapidement battus, de cymbales qui vibrent, et les cris de toute une armée se mêlent à ce tumulte.

La pleine lune verse sa lumière sur les blancheurs du camp mahratte, où les guerriers éveillés, la plupart en vêtement de nuit, agenouillés ou debout, ont tous les yeux au ciel. On distingue des figures énergiques et fines, sous le hérissement particulier de la barbe, partagée en deux, et peignée à rebrousse-poil.

La manœuvre de Bussy a parfaitement réussi : les ennemis se sont repliés au plus vite vers leurs frontières menacées. Dans plusieurs escarmouches déjà, cette célèbre cavalerie mahratte, dont l’impétuosité balayait tout d’ordinaire sur son passage, pour la première fois est restée sans effet : une infranchis-