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XXXI

LE REVENANT

La tente est immense, doublée de pourpre et ouverte toute grande. On aperçoit au fond, dans un fauteuil fleurdelisé, un homme, à l’habit chamarré de broderies d’or, le chapeau sur la tête, aussi pâle que la poudre de ses cheveux. Prés de lui se groupent les officiers de l’état-major, quelques-uns assis sur des tabourets, la plupart debout. La garde européenne et la garde hindoue, l’une à droite, l’autre à gauche, sont alignées.

Au dehors, on entend le profond bourdonnement d’une foule et, à peu de distance, au-dessus des remparts crénelés, les dômes et les minarets d’Aurengabad se profilent sur le ciel pur.

On se réveille d’un cauchemar, et, toute joyeuse, la population de la ville est venue faire fête à l’armée qui campe hors des murs ; les mères cherchent leurs fils, des frères se retrouvent et s’embrassent avec effusion ; on rit, on pleure aussi en comptant ceux qui