Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/67

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citent de la garder ; moi seul pense qu’il est plus convenable de la rançonner. Que me conseillez-vous ? La réponse de vos officiers ne fait pas de doute.

— Je m’en tiendrai à celle qu’ils ont signée, répondit La Bourdonnais avec calme.

— Mettons fin à cette scène pénible, dit Bury en contenant d’un geste d’Espréménil, rien ne vaincra l’obstination de monsieur ; il ne nous reste qu’à ordonner aux officiers et troupes de cette garnison de ne point évacuer la place de Madras et de ne point embarquer sur les vaisseaux, à moins d’y être forcé les armes à la main. Et, maintenant, messieurs, retirons-nous.

Bury fit un salut et sortit suivi de tous les députés.

À peine dans la rue, d’Espréménil saisit les mains du major général :

— Je vous en conjure, encore une fois, mon cher ami, ne perdez plus une minute, faites arrêter ce traître, si vous ne voulez pas que nous soyons ses prisonniers avant une heure.

Mais Bury hésitait :

— De telles mesures entre Français sont impraticables.

— Eh bien, bonsoir, messieurs, et bonne chance, s’écria d’Espréménil, vous vous souviendrez de ma prédiction quand vous serez sous les verrous. Quant à moi, je n’ai aucun goût pour la captivité, et je prends le large.

À grandes enjambées, il s’élança et disparut.