Page:Gautier - La Peau de tigre 1866.djvu/252

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en erreur. Des quadrupèdes peuvent apprendre à marcher sur les pieds de derrière, cela se voit tous les jours, les chiens savants en font preuve ; et cependant, qui a jamais songé à dire que les chiens étaient des hommes ? Il ne peut pas être non plus classé dans la catégorie des singes : les singes sont mieux faits, plus vifs, plus jolis et plus spirituels ; ils font des tours de passe-passe et se pendent par la queue aux branches d’arbre pour jouer à l’escarpolette, ce dont le bourgeois a été unanimement reconnu incapable.

Au risque d’augmenter les divisions et les classifications déjà trop nombreuses de l’histoire naturelle, je crois qu’il faut reconnaître dans le bourgeois une espèce particulière ; car on ne saurait raisonnablement le rattacher ni aux fissipèdes, ni aux batraciens, ni aux sauriens, ni même aux échassiers et aux crustacés, quoiqu’il soit diablement encroûté sui generis.

Je voudrais bien donner une description exacte et succincte de l’animal ; mais cela ne laisse pas que d’être difficile. Le bourgeois est un et multiple, et, dans son espèce, il est ce que sont les chiens dans la leur.

Il y a des chiens noirs, il y a des chiens blancs, il y en a de pies ; les uns ont les pattes tortues et les oreilles traînantes, les autres ont le museau pointu et le poil