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L’OREILLER D’UNE JEUNE FILLE


CONTE




Ninette était la plus charmante petite fille du monde. Elle surpassait en beauté, en transparence, ces délicieux enfants anglais des peintures de Joshua Reynolds et de sir Thomas Lawrence, dont la chair semble faite avec des roses pétries dans du lait ; si elle n’avait eu un joli tablier noir découpé à dents de loup, on l’eût prise pour un chérubin, mais on sait que les chérubins ne portent pas de tablier noir. Ses beaux yeux limpides, naïvement étonnés, abritaient, sous des franges de cils, un ciel plus azuré que l’autre, car il n’y passait jamais de nuage. Vous dire que sa mère en était folle, c’est chose inutile : une mère trouverait Qua-