Page:Gautier - La Peau de tigre 1866.djvu/328

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour aller au bois en compagnie d’une botte de roses et d’un blenheim ; montez-y, vous sentirez combien les ressorts sont doux, les coussins moelleux, comme les glaces jouent facilement et ferment bien, comme le cheval tire également, d’une allure sage et rapide, ainsi qu’un noble animal qu’on soigne bien et à qui maître et cocher ne demandent que ce qu’il doit donner.

Pour l’habillement, c’est la même chose : le parfait gentleman y attache l’importance que tout être sensé doit mettre à sa forme extérieure. Il sait que, si l’habit ne fait pas le moine, il fait la moitié de l’homme du monde ; ses vêtements sont faits par le meilleur tailleur qu’il a su démêler parmi les réputations factices, choix important et grave : il suit la mode sans excès. Le provincial s’habille à la mode d’hier, le fat à la mode de demain, le parfait homme du monde s’habille à la mode d’aujourd’hui. — Savoir au juste où en est la mode, c’est difficile ; beaucoup l’ignorent, lui le sait ; il n’accepte pas tout de son tailleur comme font certaines gens. De temps à autre, il indique quelques modifications pleines de goût, de tact et d’entente de la vie ; aussi, son tailleur le respecte. Ce n’est pas lui qui, comme certains dandys, sert innocemment de