Page:Gautier - La Peau de tigre 1866.djvu/329

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mannequin aux fantaisies extravagantes des rivaux de Chevreuil, de Buisson et de Haumann.

Ses habits n’ont jamais l’air ni neuf ni vieux. Un habit neuf n’est pas élégant, il fait supposer qu’on vient d’en quitter un vieux, il a encore trop de lustre et ne s’est pas modelé sur le corps. Notre gentleman ne fait pas râper les siens avec du papier de verre par son valet de chambre, comme le pratiquent certains élégants d’outre-Manche ; mais jamais on ne lui voit de ces nouveautés lustrées, brillantes, qui accusent le dernier fion de l’ouvrier : il veut des habits qui ne le fassent pas remarquer et ne distraient pas de sa personne.

Que ce drap qui ne brille pas est doux et souple ! Ce linge sans broderie et sans jours prétentieux est fin, d’une pure blancheur ! Que cette cravate est bien nouée, et pourtant ce parfait gentleman n’a jamais lu l’Art de bien mettre sa cravate. L’auteur aurait été trop heureux de recevoir de lui quelques conseils. — Et le gilet, cet écueil sur lequel tant d’élégants ont péri, le gilet où la variété et la richesse des étoffes pourraient induire en fantaisie le jeune homme le plus sobre, comme il est chez lui irréprochable, sévère sans être pédant, riche sans être fastueux ! « Montrez-moi le