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Page:Gautier - La Peau de tigre 1866.djvu/330

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gilet d’un homme, je vous dirai qui il est, » nous paraît un proverbe qui manque à la sagesse des nations.

Sa montre est de Bréguet, attachée par une tresse plate, un bout de chaîne tout uni ; elle vaut un chronomètre pour l’exactitude ; la boîte n’a ni guillochure ni émail. Une perle noire, un petit bijou de Froment Meurice, plus précieux par la ciselure que par la matière, lui servira d’épingle, et encore bien rarement ; le bijou sent le dentiste et le marchand d’eau de Cologne ; mais enfin on peut risquer cela quelquefois, pour ne pas tomber dans l’empesé d’une tenue officielle. Chez le parfait gentleman, une petite négligence, une légère infraction aux règles classiques, est quelquefois un effet de l’art ; sans cela, on le soupçonnerait de viser à une préfecture ou à quelque poste diplomatique.

Le parfait gentleman méprise ses gants ! Il faut à des esprits timides quelquefois quatre ou cinq ans de monde pour en arriver là ! Jamais le matin ne le voit en gants blancs de la veille ; chez lui, le gant paille succède au gant de couleur à l’heure voulue.

Dans la voiture que nous avons décrite, avec le costume qui sied à la partie de la journée où l’on se