Page:Gautier - La Peau de tigre 1866.djvu/343

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table, un faux tour éploré, un cabas bourré de toute sorte d’ingrédients, se met en route pour la répétition ou la classe de danse, selon que les heures ont été disposées. Pour sortir, la Terpsychore en herbe s’est habillée de ville, tantôt en simple robe d’indienne, et même en jupons, quand sa mère a vendu sa défroque pour en boire le montant avec quelque machiniste ou quelque garde municipal. Arrivée à la classe, l’enfant se déshabille des pieds à la tête, et revêt le costume de danse, qui est assez gracieux. Il consiste en une jupe courte de mousseline blanche ou de satin noir, un corset de basin, des bas de soie blancs, et un petit caleçon de percale qui descend jusqu’au genou et remplace le maillot, qui ne se met qu’au théâtre. Le soulier de satin blanc ou chair s’appelle chausson en termes techniques, et mérite une description particulière. La semelle, très-évidée dans le milieu, ne va pas jusqu’au bout du pied ; elle se termine carrément, et laisse déborder l’étoffe de deux doigts environ. Cette coupe permet d’exécuter les pointes en offrant un espèce de point d’appui articulé ; mais, comme tout le poids du corps porte sur cette partie du chausson, qui se romprait inévitablement, la danseuse a soin d’y passer des fils, et de la garnir à peu près comme les ravaudeuses