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Page:Gautier - La Peau de tigre 1866.djvu/349

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ou quatre heures. On ne peut retourner à la maison, en bas de soie et en cotte hardie : on reprend la robe de mousseline de laine, les souliers hanneton, les socques et le mantelet noir. Arrivée chez elle, la pauvre créature, pour reposer un peu ses membres brisés de fatigue, s’enveloppe de son peignoir le plus ample, chausse ses pantoufles les moins étroites, se plonge dans une causeuse, et, pendant que sa mère ou sa bonne cuisine son frugal repas, elle repasse son rôle et tâche de se bien loger dans la tête les indications du maître de ballet et du metteur en scène ; puis elle dîne, non pas suivant son appétit, car elle doit danser le soir, et, si elle ne se ménageait pas, elle serait lourde, aurait des points de côté et perdrait son vent.

Il est six heures : c’est le moment de se rendre au théâtre ; nouvelle, toilette, avec augmentation d’une grande pelisse pour revenir le soir.

Au théâtre, les rats sont divisés par tas. On nomme tas une petite escouade de danseuses ou de figurantes, quatre ou six qui n’ont qu’une loge pour elles toutes, avec une habilleuse commune. Pour avoir une loge à soi, il faut être sujet, il faut avoir débuté et dansé un pas.

C’est alors que le rat s’habille et se déshabille avec