Page:Gautier - La Peau de tigre 1866.djvu/351

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Telles sont les propres paroles de cette nymphe idéale, qui, jusque-là, n’avait parlé qu’avec ses pieds, et que tout le monde croyait muette comme une statue grecque.

Pendant la représentation, lorsqu’il n’occupe pas la scène, le rat, qui est très-légèrement habillé d’ailes de papillon, de nuages de gaze, et autres étoffes peu propres à concentrer le calorique, se tient debout sur les grillages des bouches de chaleur, espacées de coulisse en coulisse, se promène avec une de ses compagnes, et cause avec quelque diplomate ou quelque secrétaire de légation, ou bien il répète son pas au foyer de la danse, grande pièce ornée du buste en marbre de la Guimard, et, tout récemment encore, des lanternes chinoises de la Chatte métamorphosée en femme. Cette salle, coupée en deux par un plancher de rapport, formait autrefois le salon de l’hôtel Choiseul : on n’y peut entrer que chapeau bas. Quelquefois, lorsqu’il ne parait que dans les premiers actes, le rat rentre dans la salle, et monte dans cette partie du théâtre qu’on appelle le four, près des loges du cintre et des bonnets d’évêque. De mauvaises langues prétendent que le spectacle est la chose dont on s’y occupe le moins.