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Page:Gautier - La Peau de tigre 1866.djvu/365

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Elles font bien de préférer ces jupes amples, étoffées, puissantes, largement étalées à l’œil, aux étroits fourreaux ou s’engainaient leurs grands-mères et leurs mères. De cette abondance de plis, qui vont s’évasant comme la fustanelle d’un derviche tourneur, la taille sort élégante et mince ; le liant du corps se détache avantageusement, toute la personne pyramide d’une manière gracieuse. Cette masse de riches étoffes fait comme un piédestal au buste et à la tête, seules parties importantes, maintenant que la nudité n’est plus admise. — Si l’on nous permettait un rapprochement mythologique dans une question si moderne, nous dirions qu’une femme en toilette de bal se conforme à l’ancienne étiquette olympienne. Les dieux supérieurs, en représentation, avaient le torse nu ; des draperies à plis nombreux les enveloppaient des hanches aux pieds. C’est pour cela qu’on doit, quand on s’habille, se découvrir la poitrine, les épaules et les bras. La même mode se retrouve à Java, où l’on ne peut se présenter à la cour que nu jusqu’à la ceinture.

Érudition et plaisanterie à part, une jeune femme décolletée, les bras découverts, coiffée comme nous l’avons dit et traînant après elle des flots de moire antique, de satin ou de taffetas, avec ses doubles jupes