Page:Gautier - La Peau de tigre 1866.djvu/58

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lage, leur port et tous leurs détails. La dame, penchée sur l’épaule de Petit-Pierre, suivait les progrès de l’ouvrage d’un air satisfait, en disant de temps à autre :

— Bien, très-bien, c’est comme cela ; continue !

Une boucle de ses cheveux, dont la spirale alanguie flottait au vent, effleura même la figure du jeune pâtre, et de ce choc jaillirent des milliers d’étincelles, comme d’une machine électrique ; un des atomes de feu lui tomba sur le cœur, et son cœur brûlait dans sa poitrine, lumineux comme une escarboucle. La dame s’en aperçut, et lui dit :

— Vous avez l’étincelle ; adieu !



III


Ce songe produisit un effet étrange sur Petit-Pierre. En effet, son cœur était en flamme, et aussi sa tête : à dater de ce jour, il était sorti du chaos de la multitude : entre sa naissance et sa mort, il devait y avoir quelque chose.