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Page:Gautier - La Question des serpentins, paru dans La Science Française, 22 mai 1896.djvu/17

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Je répondrais que ces taches, en mettant les choses au pis, seront toujours moins fâcheuses que les taches banales, contre lesquelles nulle puissance humaine ne saurait garantir les promeneurs, de la simple boue de Paris — la plus infâme, la plus tenace et la plus dévorante de toutes les boues[1].

  1. C’est à ce point que, dans les grands magasins de nouveauté, on se sert méthodiquement de la boue de Paris, en guise de pierre de touche à la portée de tous, pour essayer les étoffes. Toute teinture nouvelle qui ne résiste pas aux morsures de la boue de Paris est immédiatement mise au rancart. Ainsi s’explique la présence permanente, chez nombre de teinturiers, de tonneaux entiers de ce bizarre réactif, dont si peu de ceux qui collaborent de leurs propres pieds et de leur propre estomac à sa fabrication, soupçonnent le rôle industriel et social.

    Comme cette boue est d’un usage incommode et malpropre, on a même songé à en composer d’artificielle, par synthèse chimique. Et le plus fort, c’est que, paraît-il, on y est arrivé, en dissolvant dans l’eau de l’urée, des sels ammoniacaux, du sel marin, du carbonate de potasse et du sulfate de soude !

    La fausse boue ! Après celle-là — le dernier cri de la chimie — il faut tirer l’échelle.