soi-même : les uns entêtaient aux oreilles quand leurs voisins en étaient aux pieds, et que d’autres ne faisaient que commencer. Il y avait des bras levés, des regards au ciel. Ceux qui toussaient ou éternuaient recommençaient.
— Est-ce ridicule, ces momeries ! dit Kerjean, qui avait rejoint le marquis.
— Je ne trouve pas, mon cher, répondit Bussy, cela a de la grandeur ce salut au soleil levant, et je ne puis me défendre de respect et de sympathie pour une religion où la propreté est une prière.
Avant midi, le camp de Mouzaffer-Çingh était en vue. Il s’étendait dans une plaine verdoyante, aux pieds d’une colline, et semblait de loin un parterre de fleurs.
Les trois chefs français quittèrent leurs montures indiennes et remontèrent à cheval, pour se mettre à la tête de leurs hommes. Chanda-Saïb les rejoignit et marcha avec eux, voulant lui-même les présenter au Soubab.
Dès qu’ils furent aperçus du camp, on envoya vers eux une escorte d’honneur, composée d’une vingtaine de cavaliers. Ils accoururent au galop vertigineux de leurs chevaux, de petite taille, mais pleins de grâce et de feu. Ils tirèrent des coups de fusils, secouèrent leurs armes en poussant des cris, exécutèrent la plus joyeuse fantasia. Alors le comte d’Auteuil donna ordre de battre les tambours et de faire sonner les clairons.
Quand les cavaliers du Soubab furent tout près, l’un d’eux courut vers Bussy et lui saisit la main qu’il baisa.
— Comment, c’est toi, Arslan-Khan ? s’écria le mar-