Page:Gautier - La Reine de Bangalore, 1887.djvu/20

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prière ! de l’aube à la prière ! Il n’y a pas de Dieu, sinon Dieu ! »

Et, à toutes jambes, les fidèles dévalaient vers la rivière, se déshabillant tout en courant. On s’orientait pour se tourner vers la Mecque.

Bussy s’était approché : l’umara était à genoux penché vers l’eau et se lavait les mains, en récitant la première prière :

— « Qu’Allah soit loué, il a créé l’eau limpide, et lui a donné la vertu de purifier. Il a aussi rendu notre foi pure et sincère. »

Il prit ensuite de l’eau dans sa main gauche, en but une gorgée et se lava deux fois la bouche :

— « Je t’en supplie, seigneur ; abreuve-moi de cette eau que tu as donnée, dans le paradis, à ton prophète ; elle est plus parfumée que le musc, plus blanche que le lait, plus douce que le miel, et elle a le pouvoir d’apaiser pour toujours la soif de celui qui la boit. »

Alors, il aspira de l’eau par le nez, se lava trois fois le visage et le revers des oreilles, et, puisant à pleines mains, s’inonda l’épaule droite, puis la gauche, et le sommet de la tête, lava l’ouverture de ses oreilles, son cou, sa poitrine, son ventre, son pouce, tous ses doigts et enfin ses pieds, en disant la dernière prière :

— « Soutiens-moi fermement, ô seigneur ! et ne souffre pas que mon pied glisse, de peur que je ne trébuche sur le pont tranchant du sirat qui passe sur la géhenne. »

Cela faisait un bourdonnement vibrant, toutes ces voix mâles récitant la prière. Chacun la disait pour