côté et quinze de l’autre, et se mettent à tirer de toutes leurs forces. La corde se tend, frissonne, puis demeure immobile.
— Courage ! tenez ferme ! ne tâchez pas ! crie-t-on de tous côtés.
Cependant, après avoir longtemps lutté contre la fatigue, un des partis abandonne brusquement la corde. Les vainqueurs tombent simultanément, les uns sur les autres, les jambes en l’air, au milieu des cris et des éclats de rire de la foule.
Néanmoins on se porte à leurs secours, on les aide à se relever, puis la réconciliation des deux camps ennemis va se sceller par des libations de saké.
L’auberge est envahie, et les servantes ne savent plus que devenir.
À ce moment un vieillard qui tient une jeune fille par la main parvient à arrêter au passage une servante de l’auberge et à la retenir par sa manche.
— Je voudrais parler au maître de l’établissement, dit-il.
— Vous choisissez bien le moment, dit la servante en éclatant de rire.
D’un geste brusque, elle se dégage et s’éloigne sans écouter davantage le vieillard.
— J’attendrai, dit-il.
On défonce un tonneau de saké, et les joyeux buveurs causent et rient bruyamment.
Mais tout à coup le silence s’établit, on a entendu le son clair d’une flûte et les vibrations d’un instrument à cordes. Cette musique vient des appartements d’en haut.
— Écoutez ! écoutez ! dit-on.
Quelques passants s’arrêtent et prêtent l’oreille.
Une voix de femme se fait entendre. On distingue nettement les paroles de la chanson.