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XI


LES CAILLES GUERRIÈRES


Dans un adorable paysage au milieu d’un bois touffu, la résidence d’été de la Kisaki élève ses jolies toitures dorées. L’épais feuillage des arbres prodigieusement hauts semble s’écarter à regret pour faire place à ces toits brillants, qui se projettent tout autour du palais et abritent une large vérandah dont le sol est couvert de tapis et jonché de coussins de soie et de satin brodés d’or.

La vue ne peut s’étendre bien loin et l’habitation est comme enfermée par la végétation aux fraîches transparences. De sveltes roseaux, couleur d’émeraude, laissent flotter comme des banderoles leurs étroites feuilles qui semblent vouloir se détacher de la tige et dressent un panache argenté et floconneux. Des buissons d’orangers s’épanouissent près des hauts bambous et mêlent leurs fleurs odorantes aux fleurs rouges des cerisiers sauvages. Plus loin, des camélias énormes escaladent les arbres ; à leurs pieds de lar-