Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/156

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Située vers la moitié de la longueur de la grande île Nipon, à l’extrémité d’une baie qui échancrait profondément les terres, environnée de hautes montagnes, elle était facile à fortifier et une fois fortifiée, inexpugnable. De plus, sa position au centre du Japon permettait, vu le peu de largeur de l’île, de couper les communications par voie de terre entre la grande île de Yéso, la partie septentrionale du Nipon et sa partie méridionale, dans laquelle étaient situés Kioto, Osaka et les principautés des partisans de Fidé-Yori. De cette façon, on isolait une moitié du Japon, que l’on forçait à rester neutre ou à prendre parti pour Hiéyas.

L’ancien régent avait déployé une activité sans pareille. Malgré son âge avancé et sa santé chancelante, il s’était transporté sur tous les points où il avait cru son influence nécessaire. Chez les princes qui lui étaient hostiles, il feignait de posséder encore le pouvoir qu’il n’avait plus et il leur réclamait le nombre de soldats qu’ils étaient tenus de fournir au gouvernement, en temps de guerre. Puis il se hâtait d’envoyer ces troupes sur des points éloignés. Dans le cas où ses ennemis apprendraient la vérité, ils étaient hors d’état de lui nuire.

Mais après avoir réalisé ces projets pleins d’audace et s’être mis en mesure de commencer la grande lutte qu’il voulait entreprendre pour usurper le pouvoir, Hiéyas se sentit tout à coup tellement affaibli, accablé par la fièvre et la souffrance, qu’il s’imagina qu’il allait mourir. Il fit appeler en toute hâte son fils, qui résidait alors au château de Mikava.

Fidé-Tadda, fils de Hiéyas, avait alors quarante-cinq ans. C’était un homme sans grande valeur personnelle, mais patient, et soumis aux intelligences supérieures