Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/169

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— C’est convenu, dit le prince en souriant, va revêtir un costume très simple, de couleur sombre, et tiens-toi prêt à m’accompagner. J’aurai besoin de toi dès ce soir.

Nagato entra dans sa chambre, tandis que Loo, ivre de joie, s’éloignait en gambadant.

Le prince allait frapper sur une cloche pour faire venir ses serviteurs, lorsqu’il crut entendre heurter faiblement sous le plancher, il se pencha et prêta l’oreille, le bruit se répéta plus distinct.

Nagato alla fermer les panneaux ouverts autour de la chambre, puis il revint vers l’endroit du plancher où le bruit se faisait entendre ; il souleva la natte et chercha un nœud de bois sur lequel il appuya le doigt : une partie du plancher s’écarta alors et découvrit un escalier qui s’enfonçait dans l’obscurité. Un homme gravit les dernières marches de cet escalier et entra dans la chambre.

Au premier aspect, cet homme ressemblait à Nagato ; il était comme l’ébauche grossière de la statue parfaite réalisée par le prince.

— Que deviens-tu, mon pauvre Sado ? dit le prince. Je t’avais oublié.

— Je me suis marié, je suis heureux, dit Sado.

— Ah ! je me souviens : l’histoire des princes déguisés en aveugles et l’enlèvement de toute une famille ! Tu as de l’esprit. Cette aventure a occupé longtemps les oisifs. Mais que me veux-tu ? Manques-tu d’argent ?

— Maître, je viens te dire que j’ai honte de la vie que je mène.

— Comment as-tu donc oublié nos conventions ?

— Non, seigneur, je n’ai rien oublié j’étais un criminel, j’allais être décapité lorsque tu m’as fait grâce,