Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/193

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bas, et contraint de tirer les clous obliquement : il faut que j’entre dans l’eau.

— Y songes-tu ? dit Nata, la mer est très profonde ici.

— Il y a bien une corde dans le canot ?

— Oui, dit Nata.

— Eh bien, attache ses deux extrémité à la banquette.

Nata se hâta d’obéir, et Raïden passa la corde sous ses bras.

— De cette façon je serai suspendu dans l’eau, dit-il.

Et il se laissa glisser silencieusement hors de la barque.

Pendant plus d’une heure, il travailla dans l’obscurité, sans dire un seul mot, et, comme ses mains agissaient au-dessous de l’eau, il ne faisait aucun bruit. On entendait le pas monotone de la sentinelle et le ressac des vagues contre le navire.

— Passe-moi le saké, dit enfin Raïden ; j’ai froid.

— C’est à mon tour de travailler, dit Nata. Remonte dans le bateau.

C’est fini, dit Raïden les clous sont enlevés tout autour d’une planche longue comme notre barque, large comme l’est Nata d’une épaule à l’autre.

— Alors tu as complètement réussi ? dit le prince.

— Pas encore, le plus diffcile reste à faire : la planche est emboîtée dans ses deux voisines et n’offre aucune prise qui me permette de la tirer à moi.

— Tâche de glisser ton outil dans la fissure.

— Je l’essaye depuis un instant, mais sans arriver à rien, dit Raiden ; il faudrait que la planche fût poussée de l’intérieur.

— Ceci est impraticable, dit Nagato.