Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/192

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— Oho ! …

— Oho ! …

Puis tout rentra dans le silence.

— À l’œuvre, dit Nagato.

Il s’agissait tout simplement de couler bas ces grands bâtiments en leur faisant au-dessous de la ligne de flottaison une blessure assez large pour permettre à l’eau de les envahir.

— Ce que l’écueil accomplit avec la plus grande facilite, nous pourrons peut-être l’exécuter en nous donnant quelque peine, s’était dit le prince.

Les outils qui avaient servi a construire la coque du navire pouvaient être employés utilement à en démolir un fragment. Il suffisait d’ailleurs de faire seulement une ouverture large à y fourrer le poing ou de soulever une planche, l’eau, qui ne demande qu’à entrer et se glisser partout, saurait bien s’en contenter.

Raïden, penché hors du canot, tâtait sur le navire les parois visqueuses, recouvertes par l’eau, et cherchait sous la mousse gluante, sous le goudron et la peinture, les têtes des clous fixés dans le bois.

Le prince et le matelot Nata s’efforçaient de maintenir le canot à peu près immobile.

Raïdcn prit un outil à sa ceinture et fît sauter, après de grands efforts, quelques clous.

— Ce navire est solidement construit, dit-il, les clous sont longs comme des sabres, de plus, ils sont rouillés et tiennent dans le bois comme de grosses dents à une jeune mâchoire.

— Crois-tu venir à bout de l’entreprise ?

— Je l’espère bien, dit Raïden. Il est impossible qu’un seigneur tel que toi se soit dérangé pour rien. Seulement, je suis mal l’aise ainsi placé, la tête en