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Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/20

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Il faisait frais dans cette chambre, et une odeur de camphre et de musc emplissait l’air.

— Maître ! maître ! dit Loo à demi voix, c’est l’heure, et puis il y a là un messager.

— Un messager ! s’écria Nagato, en se dressant sur un coude ; comment est-il ?

— Il est vêtu comme un samouraï[1] : des sabres sont passés à sa ceinture.

— Qu’il entre vite, dit le prince avec un tremblement dans la voix.

Loo alla faire signe au messager, qui se prosterna au seuil de la chambre.

— Approche ! dit Nagato.

Mais le messager ne pouvant se diriger dans cette salle obscure, Loo ploya, une feuille d’un paravent qui interceptait le jour. Une bande de lumière entra dans la chambre ; elle éclaira la délicate texture de la natte qui couvrait le plancher et fit briller sur la muraille une cigogne argentée, au cou onduleux, aux ailes ouvertes.

Le messager s’approcha du prince et lui tendit un mince rouleau de papier, enveloppé d’un morceau de soie, puis il sortit de la chambre à reculons.

Nagato déroula vivement le papier et lut ceci :

« Tu es venu, illustre, je le sais mais pourquoi cette folie et pourquoi ce mystère ? Je ne puis comprendre tes actions. J’ai reçu de graves réprimandes de ma souveraine à cause de toi. Tu sais : je traversais les jardins pour la suivre jusqu’à son palais, lorsque, tout à coup, je te vis adossé à un arbre. Je ne pus retenir un cri et, à ce cri, elle se retourna vers moi et suivit la direction de mon regard.

  1. Noble officier au service d’un daïmio ou prince.