Yodogimi se retourna et rougit un peu en voyant le prince qui s’inclinait profondément devant elle.
— J’ai à te parler, dit le siogoun.
— Je me retire, alors, dit Yodogimi avec amertume, et retourne à mes broderies.
Elle traversa la chambre lentement, en faisant bruire ses longues robes soyeuses, et sortit en jetant à Nagato un étrange regard, à la fois provoquant et haineux.
— Tu as entendu ma mère ? dit Fidé-Yori.
— Oui, dit Nagato.
— Tous veulent me détacher de toi, ami ; quel peut être leur motif ?
— Ta mère est aveuglée par quelque calomnie, dit le prince ; les autres voient en moi un ennemi clairvoyant qui sait déjouer les trames ourdies contre toi.
— Je voulais justement te parler d’un complot.
— Contre ta vie ?
— C’est cela même. Il m’a été révélé d’une façon singulière, et j’ai peine à y croire. Cependant je ne puis me défendre d’une certaine inquiétude. À la fête du Génie de la mer, demain, un pont doit s’effondrer sous mes pas.
— Quelle horreur ! s’écria Nagato. Ne va pas à cette fête, au moins.
— Si je m’abstiens d’y aller, dit Fidé-Yori, j’ignorerai toujours la vérité, car le complot n’éclatera pas. Mais si je vais à la fête, continua-t-il en souriant, dans le cas où la conspiration existerait vraiment, la vérité serait un peu rude à constater.
— Certes, dit Nagato ; il faut cependant sortir du doute, il faut trouver un moyen. L’itinéraire que tu dois suivre est-il fixé ?
— Hiéyas me l’a fait remettre.