Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/349

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à l’aide d’un long poignard, elle fend la poitrine du jeune homme et lui mange le cœur.

Le public exprime son émotion par un long murmure et la toile tombe.

On ne joua que cet acte du Vampire, c’est le meilleur, le plus dramatique. Plus tard le jeune seigneur ressuscite et est rendu à son épouse.

Pendant l’entr’acte, la plus grande partie du public quitte la salle et envahit la maison de thé attenant au théâtre. On se fait servir le repas du matin, ou simplement des boissons chaudes et des friandises, au milieu d’un tapage, d’une confusion indescriptibles. Chacun se communique ses impressions sur le mérite de la pièce que l’on vient de voir, sur le jeu des acteurs ; on imite leurs gestes, leurs cris, leurs contorsions ; quelques-uns essayent des entrechats et des cabrioles, à la grande hilarité des assistants ; d’autres jouent aux échecs, à la mourre, aux dés.

L’entr’acte est long. Les jeunes garçons qui remplissaient les rôles de femmes dans la première pièce reparaîtront dans la seconde, et il faut leur laisser le temps de se reposer, de prendre un bain et de revêtir leurs nouveaux costumes. Mais le temps se passe agréablement : on mange, on fume, on rit, et bientôt l’on rentre au théâtre tumultueusement.

L’aspect de la salle s’est complètement transformé : toutes les femmes qui occupent les loges ont changé de toilettes et celles qu’elles ont revêtues sont plus luxueuses encore que les premières.

Les regards se tournent vers Yodogimi. On se demande ce qu’elle a pu imaginer pour que sa seconde parure soit digne de celle qui, un instant auparavant, éblouissait les spectateurs. Cette fois encore on demeure muet de surprise. Elle semble vêtue de pierre-