Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/35

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chaque angle des murailles, l’étendard national blanc avec un disque rouge, emblème du soleil lorsqu’il s’élève dans les vapeurs matinales. Quelques pagodes, au-dessus des arbres, dressent sur le ciel radieux la superposition de leurs toitures, relevées des bords, à la mode chinoise.

C’est la pagode de Yébis, le génie de la mer, qui attire spécialement l’attention ce jour-là ; non que ses tours soient plus hautes et ses portes sacrées plus nombreuses que celles des temples voisins, mais de ses jardins doit partir le cortège religieux, si impatiemment attendu par la foule.

Enfin, dans le lointain, le tambour résonne. On prête l’oreille au rythme sacré, bien connu de tous : quelques coups violents, espacés, puis un roulement précipité, s’adoucissant et se perdant, puis de nouveau des coups brusques.

Une immense clameur de joie s’élève de la foule, qui se range aussitôt le long des maisons de chaque côté des rues que doit parcourir le cortège.

Les Kashiras, gardiens des quartiers, tendent rapidement des cordes qu’ils fixent à des pieux, afin d’empêcher la multitude de déborder sur la voie centrale. La procession s’est mise en marche ; en effet, elle a franchi le Torié, portique sacré, qui s’élève devant la pagode de Yébis, et bientôt elle dénie devant la foule impatiente.

Seize archers s’avancent d’abord, l’un derrière l’autre, sur deux rangs très espacés. Ils ont revêtu l’armure en lamelle de corne noire jointe par des points de laine rouge. Deux sabres sont passés à leur ceinture ; les flèches empennées dépassent leurs épaules et ils tiennent à la main un grand arc de laque noire et dorée.

Derrière eux vient une troupe de serviteurs, portant des houppes de soie au bout de longues ham-